Autodafé des oubliés

Non, la Terre ne s’est pas poudré le visage 
Pour masquer les crevasses de sa peau trop sèche.
C’est la Vie qui se noie dans les larmes de cendres.

Échardes noires plantées dans la chair des jours
Les arbres furent témoins impuissants des drames
Dont il ne persiste que d’imprécis stigmates.

Perdus entre les murs de feu qui se resserrent
Et la folie sans frein d’une course en spirale
Biches et faons ont usé jusqu’au dernier souffle.

Mulots, lapins, renards, sangliers et bien d’autres
Fuirent en vain alors que s’embrasaient les poils,
Innocents promis au bûcher loin des regards.

Tous les animaux se sont figés de panique
Quand l’incendie les a capturés dans ses nasses
Au point de graver la peur sur toutes les ombres.

Martyrs qui n’existent dans aucun souvenir,
Combien sont devenus simples incandescences
Quand les instants fragiles se mirent à fondre ?

Bien sûr, nul n’écrira de chanson pour le geste
Qui est à la source de ce torrent de flammes.
Après tout, on ne déplore aucune victime.

 

 

 

 

 

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